Défendre l’accompagnement des pratiques numériques de la jeunesse

L’édition 2021 du Baromètre du Numérique publié chaque année par l’ARCEP et l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires confirme qu’internet a quasiment achevé sa conquête de la population : 99% des plus de 12 ans sont des internautes et le smartphone reste chez les jeunes le premier terminal de connexion.

Par Dorie Bruyas, directrice générale de Fréquence Ecoles.

Des parents en quête de posture

Après une décennie durant laquelle les adultes ont globalement opté pour un contrôle restrictif de l’utilisation du numérique, son rôle éducatif dans le développement des compétences techniques et sociales chez les jeunes est enfin reconnu. Alors que certain·e·s enseignant·e·s et pédagogues s’attèlent à la construction de parcours adaptés, les parents, eux, subissent encore fréquemment des injonctions contradictoires. Les « parents responsables » comme les « parents inquiets » sont en effet incités à appliquer sans trop de nuances le « principe de précaution », alors qu’elles et ils sont parfois mal informés des activités et des interactions en ligne de leurs enfants. Pour dépasser ce discours généraliste et simpliste quant à l’encadrement des usages numériques des jeunes, il est désormais nécessaire de clarifier précisément les besoins et les limites à fixer en fonction du développement des enfants.

Une injustice criante dans l'accompagnement des pratiques numériques des enfants et des ados, à la maison

Il serait injuste de considérer que tous les enfants et adolescent·es réagissent de la même manière à ces interactions en ligne. Les usages problématiques des jeunes sont à corréler d’autres difficultés, notamment sociales et psychologiques.

De plus, la capacité des parents à accompagner les usages des médias et du numérique n’échappe que très peu aux phénomènes de reproduction sociale.

Ceux et celles qui, pour des raisons sociales, culturelles ou économiques, vivent mal le développement de cette société de l’information sont souvent plus démuni·e·s dans la gestion des écrans et des outils numériques à la maison.

Par ailleurs, les parents sont souvent les principales victimes, et les premiers vecteurs, du néfaste concept des digital natives. Sous-évaluant souvent leurs compétences numériques, il s’imaginent (parfois) incapables d’accompagner les usages numériques de leurs enfants et confondent appétence pour le numérique avec la maîtrise et la compréhension de ce nouvel environnement.

De l'enfance à l'adolescence, cheminer vers l'autonomie

L’usage d’outils numériques n’est pas une fin en soi et ne saurait être décorrélé du cadre proposé par l’adulte. Face à une pratique qui l’enthousiasme, l’enfant a besoin d’apprendre la régulation, d’échanger sur ce qui l’intéresse et de découvrir des activités variées qui sollicitent l’intégralité de ses sens. En grandissant, l'ado va au contraire s'éloigner. Expérimenter un nouveau type de relations, dans lesquelles le smartphone joue désormais un rôle essentiel. Installé·e·s sur le canapé familial, ils et elles restent connecté·es avec leurs pairs et construisent de nouveaux liens tout en maintenant leurs attaches. Ils sont là et pas là. Ils explorent le monde sans quitter la maison !

Dans ce contexte, Super Demain tente une réponse en créant un temps de dialogue sur les difficultés que chacun·e rencontre

L’événement permet de rappeler qu’il est désormais temps de développer les compétences des enfants et des adolescent·es - et qu’il existe des outils et des méthodes à cette fin - pour qu’ils et elles soient en mesure de définir leurs forces et leurs faiblesses, afin de mieux investir les opportunités du numérique. Il s’agit enfin de rappeler que chaque adulte a un rôle à jouer — qu'il soit moteur ou frein — pour aider la jeunesse d'aujourd'hui à devenir autonome dans les mondes numériques.

Et parce que notre époque est désormais à l’individualisation des usages, à la personnalisation des contenus, à l’émergence de conglomérats numériques transnationaux, pendant qu’apparaissent des envies de déconnexion et une prise de conscience de l’impact écologique de nos usages numériques, Super Demain offre (enfin) l’occasion de penser la place du numérique dans nos vies et celles de nos enfants.