Le jeu-vidéo, ça peut aussi être intello

 
 
 
 

Vous pensez que le jeu vidéo est au mieux un loisir, au pire une perte de temps ? Détrompez-vous : tant du côté graphisme que de la musique ou encore de la conception de niveaux, ce médium sollicite différents arts aussi pluriels que passionnants. Et cela ne concerne pas uniquement les concepteurs et conceptrices de jeu vidéo : du côté des joueurs·euses aussi on s’amuse à réinventer le jeu vidéo, détourner ses usages, s’en servir comme message… en voici la preuve avec 4 artistes qui font de l’art avec du jeu vidéo.

Chloé Desmoineaux, défier le concept de manette

Chloé Desmoineaux est une touche-à-tout du jeu vidéo. Elle crée mais aussi détourne, pour proposer des œuvres parfois politiquement engagées, souvent à la portée même des plus jeunes. Avec Scylle 3000, elle propose aux curieux·euses de jouer à l’indémodable jeu Snake… avec des flûtes ! Selon la note jouée, le serpent prend une direction différente. Une belle façon de montrer que la manette, outil un peu effrayant pour ceux et celles qui ne sont pas familier·es avec l’univers du jeu vidéo, n’est pas l’unique façon de contrôler un jeu. L’installation Scylle 3000 était d’ailleurs proposée dans le cadre de l’édition 2021 de notre événement Super Demain.

L’artiste aime jouer avec le concept de contrôleur. Avec Growing Roots, elle a imaginé un concept de plante (une vraie plante) qui réagit lorsque quelqu’un la touche. Sondez-vous reprend les principes du jeu en réalité virtuelle pour mettre les joueurs·euses dans des postures loufoques : ici en quelque sorte, le corps du joueur ou de la joueuse est la manette. Quel que soit l’âge et le niveau de familiarité avec le monde du jeu vidéo, une bonne partie de ses œuvres sont accessibles à tous·tes. En 2017, Chloé Desmoineaux a fait le buzz sur internet avec Lipstrike, une performance où une joueuse utilisait un rouge à lèvre pour contrôler le jeu Counter Strike… malin ! Une façon de détourner ce jeu aux codes très masculins et ainsi faire écho à la polémique du Gamer Gate.

2080, de l'électro avec une Game Boy

La Game Boy, arrivée en France en 1990, a permis aux gameurs·euses de découvrir des titres comme Tetris, The legend of Zelda : Link’s awakening, Metroid II, Pokémon rouge et bleu… pour beaucoup, c'est une console qui a fait son temps. Pour 2080, c’est encore aujourd’hui un instrument de musique hors du commun. Walid, de son prénom, partage sur YouTube des musiques composées à l’aide de la fameuse console portable. Si la Game Boy semble, à première vue, proposer un répertoire musical un peu limité, l’artiste parvient à exploiter ses capacités pour créer ou reprendre des musiques étonnantes.

Le travail de 2080 s’inscrit dans le mouvement chiptune, un genre musical où la musique est produite par ordinateur. L’idée de contrer l’obsolescence de l’objet est également au cœur du mouvement : la Game Boy est à priori considérée comme obsolète, mais l’artiste lui donne une nouvelle utilité en s’en servant comme instrument de musique. 2080 intervient à l’occasion dans des salons, comme en février à l’Indie Game Lyon où il a animé un atelier pratique sur la façon de créer une musique avec une Game Boy. L’occasion de faire découvrir aux plus jeunes cette console pas si datée.

Un bot dans la RAM : chercher l’art dans le jeu vidéo

Un bot dans la RAM est un explorateur du jeu vidéo. Après des études d’arts numériques et contemporains, il a lancé sa chaîne YouTube où il s’amuse à repousser les limites de ce médium et à détourner les jeux. En vidéo, il raconte l’exposition de jeux vidéo au musée du Quai Branly, décrypte les choix de direction artistique dans le remake de Link’s Awakening, explore les expositions secrètes dans le jeu Animal Crossing New Horizons

Le vidéaste expérimente mais aussi décrypte le jeu vidéo et son histoire. Sa chaîne YouTube est une mine de découvertes et d’anecdotes qui permettra aux gameurs·euses d’aller plus loin dans leur passion de ce médium. Il est aussi présent sur Twitch, où il expérimente également autour du jeu vidéo, en direct avec les spectateurs·trices.

Kéké Flipnote et ses animations mi-mignonnes mi-drôles

On termine avec un graphiste qui casse les codes ! Kéké Flipnote tient son pseudonyme de Flipnote Studio, une application sortie en 2009 sur Nintendo DSi. Ce programme permet de réaliser de courtes séquences animées à partir de plusieurs dessins. Si aujourd’hui les fans de la firme japonaise sont nombreux·ses à être passé·es sur Nintendo Switch, il en est un qui est resté fidèle à la DSi et à Flipnote Studio, et c’est évidemment Kéké Flipnote. L’artiste maîtrise l’application sur le bout des doigts, et crée des animations à la fois drôles et esthétiques.

Armé de sa Nintendo DSi, l’animateur est maintenant reconnu dans le milieu : il a par exemple participé à des performances artistiques pour la chaîne Arte. Au quotidien, il s’amuse à réinterpréter en animation des images virales circulant sur les réseaux sociaux, toujours avec son style si particulier. Si Kéké Flipnote utilise aussi aujourd’hui des logiciels plus modernes, il ne s’est jamais séparé de sa console, qui lui sert toujours à créer des animations qui plaisent aux internautes.

Pour les artistes d’aujourd’hui et de demain, le jeu vidéo est donc un outil de plus pour faire de l’art. Morceaux de musiques, performances ou encore gifs animés, ces touches-à-tout nous prouvent que le jeu vidéo n’a rien d’un domaine figé : il est ce que le joueur ou la joueuse en décide de faire.

Un article écrit par Lise Famelart, rédactrice pour le média des parents de Super Demain.

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