La légende du jeune qui ne lisait plus
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L’angoisse que vous ressentez en pensant que la nouvelle génération sera plus bête que la précédente est un mythe qui colle à la peau de chaque époque. Dans la nôtre, le premier coupable serait le numérique. Avec une phrase que vous avez sûrement dû entendre (ou même prononcer) “de toute façon les jeunes ne lisent plus, ils préfèrent rester sur leurs écrans”.
On va donc se faire un malin plaisir à faire mentir cette affirmation qui oppose jeunes et lecture.
“En moyenne, les jeunes lisent six livres par trimestre. Dont deux dans le cadre scolaire et quatre dans celui des loisirs.”
Ipsos pour le Centre National du Livre (2016) Les jeunes et la lecture .
La nouvelle génération aime lire. Pour le prouver nous nous sommes penchés sur les chiffres d’un secteur directement concerné et qui serait bien embêté si les jeunes n’ouvraient plus un livre : l’édition. Le secteur jeunesse est le troisième secteur de l’édition le plus rentable en France. Avec tout de même 347,6 millions d’euros de chiffre d’affaire en 2018. Ce n’est pas pour rien que l’avant dernière édition de Livre Paris était principalement consacrée à la littérature Young Adult.
Au cas où vous seriez encore inquiets, on vous remet encore une petite couche de chiffres. 96% des jeunes âgés de 7 à 19 ans lisent régulièrement . Et plus des ¾ d’entre eux affirment aimer lire pour leurs loisirs et pas seulement les livres imposés à l’école, en y consacrant minimum 3 heures par semaine. Ce qui laisse aussi la place à d’autres activités de loisir comme aller sur Internet qui leur prend, en moyenne, 8h par semaine.
Mais justement, on a tendance à trop souvent opposer lecture Versus Numérique. Mais pas besoin d’un combat dans l’octogone, les deux sont compatibles.
Des horizons de lecture démultipliés par le numérique
Trêve de chiffres, c’est aussi, tout simplement, que les jeunes générations nées dans le numérique ont plus de choix. Avec un accès illimité à tous les contenus possibles et imaginables grâce à Internet, c’est comme si une bibliothèque géante de contenus était disponible. Les supports de lecture se sont eux aussi démultipliés : tablette, smartphone, liseuse. Par ailleurs, il existe maintenant une multitude de nouveaux modes de narration donc de nouvelles façons de lire. Celles-ci ne sont pas forcément prises en compte dans les études, car ne respectent, pas totalement, le format roman. Donc plutôt des formats courts que l’on peut voir sur les réseaux sociaux : micro-fictions sur Instagram, thread sur Twitter, pour n'en citer que deux.
Le papier a vécu mais survivra
Finalement, le numérique n’empêche pas de lire mais diversifie les formats de lecture et les modes de narration plus classiques que l’on connaît, comme le roman. Beaucoup pensaient, il y a 20 ans, que les livres numériques allaient enterrer les livres papier, que tout le monde allait maintenant pouvoir, à travers son écran, accéder à un monde de connaissances. Ce qui est vrai désormais, mais la réaction n’a pas été celle escomptée par ceux qui annonçaient la mort du papier. En effet à force de côtoyer des écrans toute la journée : ordinateur, téléphone, télévision, etc. beaucoup d’entre nous privilégient le papier pour la lecture dite, de loisir.
Alors ne stigmatisons pas la nouvelle génération, mais laissons les choisir, mélanger et découvrir les possibilités qui s'offrent à eux.
Sources
Les jeunes et la lecture , 2016, Ipsos pour le Centre National du Livre.
Les chiffres de l’édition 2018-2019, Syndicat National de l'Édition, juin 2019, et BNF.