Comment gérer la place des écrans dans la vie de ma fille de 5 ans ?

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« Il arrive que je laisse ma fille Lina — âgée de 5 ans — jouer ou regarder des dessins animés sur la tablette, quand je nourris son petit frère par exemple.
Ma meilleure amie m'a dit que c'était dangereux pour son développement cérébral. Mais je trouve cela difficile de la tenir hors de portée des écrans, alors qu'ils sont quasi omniprésents dans notre quotidien.
Qu'en pensez-vous ? »

Myriam, 36 ans


La réponse de CHRISTOPHE DORÉ

Médiateur numérique et rédacteur pour le média de Super Demain

Bonjour Myriam, et merci pour cette question.

Avant toute chose : les meilleures amies ne donnent pas toujours les meilleurs conseils, et votre question le démontre une fois de plus. Sans doute n’est-elle elle-même pas (encore) maman et ne comprend-elle pas la charge mentale des parents de jeunes enfants, bombardés de conseils, de campagnes de préventions anxiogènes, d’interdits, d’injonctions.

Donc, pour faire simple : NON, votre fille ne risque ni lésion cérébrale irréversible, ni retard de développement ou autisme virtuel (ce dernier n’existant tout simplement pas) en restant quelques minutes devant un écran. Les anti-écrans les plus farouches continuent de réclamer à cor et à cri des études démontrant les effets néfastes des écrans sur les jeunes enfants, car aucune étude (sérieuse) récente n’aboutit au résultat qu’ils et elles attendent en vain depuis de nombreuses années.

Quelques conseils cependant pour que vous puissiez profiter de vos bouts de choux en toute tranquillité :

  • Pour les enfants de 5 ans, les écrans “actifs” sont préférables aux écrans “passifs”.
    Il existe de nombreuses applications ludo-pédagogiques qui l’occuperont, l’éveilleront et la sensibiliseront à des thématiques diverses. Vous en trouverez une sélection assez complète sur l’excellent site “souris grise”.
    En proposant à votre fille des activités qui la stimulent, vous éviterez qu’elle n’associe “écran” à “affalée sur le canapé” et l’habiturez ainsi à être aux commandes de ces activités, à faire des choix, à formuler ses envies et préférences…

  • A cet âge, et avec des activités qui vont lui demander patience et concentration, la durée d’une session devrait être d’environ 20 minutes. Il est a priori possible de lui accorder deux sessions dans une même journée en évitant cependant les temps juste avant l’école, car la concentration accordée à l’écran lui manquera ensuite en classe. Pour faciliter le respect de ce temps, il est plus facile de retarder le début que d’imposer la fin si vous êtes accaparés par votre fils. Vous pouvez par exemple la faire démarrer au début du repas, plutôt qu’au début de la préparation du repas.

  • Idéalement, la session de votre fille se fera en votre présence, même si vous ne pourrez bien sûr pas être focalisée sur son activité en même temps que sur votre fils. L’important en la matière est qu’elle n’ait pas l’impression d’être laissée seule face à la tablette ou à l’ordinateur.

  • L’étape la plus cruciale des usages numériques des jeunes enfants vient… après ces usages.
    Une fois sa session terminée, demandez-lui :

    - ce qu’elle a fait
    - ce qu’elle a aimé
    - ce qu’elle a compris / appris
    - ce qui était difficile, etc.
    Vous faciliterez la sortie de l’activité, puisqu’après l’avoir vécu, elle en parlera. Et en répondant à ces questions, votre fille gagnera en aisance à l’oral et développera ses capacités à expliquer, argumenter, etc. Tout bénef !

Sans oublier bien sûr que le numérique ne saurait répondre à tous les besoins d’une petite fille de 5 ans et qu’il faudra donc continuer à lui proposer des jeux tangibles, des livres, des sorties, etc… (mais ça, vous le savez déjà).

Et même si vous ne m’avez pas (encore) posé la question pour votre fils : oui, en tant que deuxième, il sera sans doute en contact avec des écrans plus tôt que ne l’a été votre fille, qu’il va en outre essayé d’imiter, de dépasser, etc. Et pour lui non plus, il n’y aura pas de dangers spécifiques tant que vous êtes attentives aux contenus, aux moments, à la durée…
La gestion des écrans avec un enfant, c’est une chose. Avec plusieurs enfants, c’en est une autre…

Pour finir et faire simple, lorsque des enfants présentent les retards de développement que certains professionnels de santé rattachent abusivement aux “écrans”, c’est bien souvent parce que les activités médiatico-numériques ont remplacé les interactions qui leurs sont indispensables : écouter un adulte et tenter de l’imiter, se sentir entouré, écouté, protégé et valorisé, manipuler des jouets, imaginer des histoires, etc.

Ce sont ces manques qui peuvent être préjudiciables, et non les activités qui les remplacent !

— — — > Pour aller plus loin

Les travaux du Laboratoire Premiers cris avec le MOOC « La petite culture numérique — le développement du tout-petit à l'ère numérique »

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