7 conseils aux parents qui trouvent que leur enfant regarde trop de «m**de» sur internet

© Euphoria

À l'instant où vous mettez, dans les mains de votre enfant, un appareil connecté à internet, vous acceptez de fait qu’il ou elle ait accès à l'immense diversité de contenus accessibles en ligne. Or, sur Internet, il y a vraiment de tout : de quoi devenir aussi fort en physique qu’Einstein, aussi cultivé que Jamy ou aussi calé en géographie que Sylvain Tesson*. Pourtant votre enfant s'acharne a regarder des trucs qui vous sont insupportables. Voici quelques conseils pour vous aider à faire la part des choses !

* D’ailleurs, avez-vous essayé la formidable application GeoGuessr, qui vous propose de localiser des endroits aléatoires sur Google Street View ?

 

** Sylvie Octobre, “La transmission culturelle à l’ère digitale”, L’Observatoire n°42, 2013.

 

“ Ce passage répond au besoin d’autonomie des enfants, et à la séparation de leurs univers de goût comme de relations d'avec ceux de leurs parents. ”

— Anne-Sylvie Pharabod, sociologue
“Territoires et seuils de l'intimité familiale", Réseaux n°124, 2004.

Qui définit qu’un contenu est plus « légitime » qu’un autre ?

Sans surprise, parmi les contenus les plus appréciés par les parents interrogés, on trouve : les vidéos de vulgarisation scientifique et les médias d’information généralistes. Les contenus « humour » sont tolérés s’ils sont « soft ». En revanche, d’autres types de contenus ont moins la côte : les tutoriels beauté, les extraits d’émissions de téléréalité, les vidéos « satisfaisantes », les streams de jeux vidéo, et, évidemment, les publications jugées inadaptées à l’âge des enfants.

La plupart des parents souhaitent que leur enfant réussisse dans la vie, en acquérant une culture générale valorisée à l’école. Alors qu’en 1979, du temps de “La Distinction” de Pierre Bourdieu, la culture “légitime” était plutôt facile à définir (celle pratiquée par la classe dominante : opéra, musée, théâtre, équitation, musique classique…), il est aujourd’hui « plus difficile de dire ce qui fait culture, et de trouver des arguments pour fonder une définition consensuelle de son périmètre » selon la sociologue Sylvie Octobre**. En effet, sur les réseaux sociaux, tout est mélangé : une vidéo de chat mignon peut très bien être suivie d’un extrait de débat politique sur Tik Tok, par exemple. Contrairement à la télévision où les programmes sont les mêmes pour tout le monde, les algorithmes des réseaux sociaux prennent en compte les nombreuses facettes de la personnalité d’une personne pour lui suggérer du contenu. Et on a tous un côté un peu “voyeur” sur les bords, et un humour parfois non-consensuel : ce qui ne nous empêche pas d’exceller dans des domaines plus scolaires à côté. La peur que l’enfant “perde son temps, qui serait bien mieux consacré” revient également souvent. Benoît, père de deux garçons de 11 et 14 ans témoigne : « Quand il a dépassé le temps autorisé sur YouTube, mon fils télécharge les vidéos de gaming au format MP3, et les écoute sur son walkman…. Alors qu’il pourrait écouter des podcasts, des livres audios, ou de la musique à la place ! ».

CONSEIL N°1
Et si vous preniez un peu de recul ? Êtes-vous irréprochable dans ce que vous regardez en ligne ? N’avons-nous pas le droit de nous détendre de temps en temps, au lieu de culpabiliser quand nous ne sommes pas productifs ? Et pourquoi l’e-sport serait-il moins légitime que les autres sports, comme le foot ou le basket ? Pourquoi le maquillage serait-il moins artistique que le dessin ?

CONSEIL N°2
Gardez en tête que c’est normal et souhaitable que votre enfant n’ait pas les mêmes centres d’intérêt et les mêmes repères culturels que vous. Sinon, il serait en décalage avec ses camarades ! Le monde change, et c’est normal.

 
 
 

© LOL (Laughing Out Loud)

Relativiser l’impact de ces contenus sur votre enfant

Il arrive que votre enfant soit friand des vidéos d’un influenceur ou d’une influenceuse qui vous horripile. Vous ne supportez pas ses mimiques, ni son discours que vous trouvez superficiel et stéréotypé. Rassurez-vous : vous n’êtes pas seul.e ! Benoît, père de deux garçons de 11 et 14 ans, s’agace : « Mon cadet reproduit à longueur de journée les intonations et les punchlines de ses streameurs préférés. J’imagine que s’il s’approprie leur langage, c’est qu’il les trouve cools, ils lui montrent le chemin à suivre, donc il veut leur ressembler ». Mais pour Christophe Doré, médiateur numérique pour l’association Fréquence écoles, ce qui a un impact instantanément ne veut pas dire que les effets se poursuivront dans le temps ! « Il faut respecter les cycles d’intérêt de l’enfant. Si on essaye de le détourner de quelque chose qu’on ne cautionne pas, on peut augmenter l’intérêt qu’il lui trouve. Souvent, il va de lui-même s’en désintéresser au bout d’un moment, et passer à autre chose ».

CONSEIL N°3
Il convient toutefois de rester vigilant afin de différencier une situation normale d’une situation problématique. Si les “fascinations” de votre enfant durent plusieurs mois, et prennent une place très importante dans sa vie (mais c’est très rare), une prise en charge psychologique doit bien sûr être envisagée. Sinon, attendez juste que ça passe !

Bulle de filtre, publicités intempestives et contenus inappropriés : comprendre le fonctionnement d’internet pour mieux accompagner son enfant

Même quand la volonté est là, passer à autre chose sur les réseaux sociaux est souvent plus facile à dire qu’à faire ! Les contenus suggérés sont en effet calculés en fonction de notre historique de recherche et de nos likes : c’est ce qu’on appelle la “bulle de filtre”.

CONSEIL N°4
En tant qu’adultes, nous pouvons très bien suivre un candidat politique pour voir ce qu’il dit, même si il est en désaccord avec nos opinions. Et bien ce n’est pas parce que votre enfant regarde certains contenus qu’il les CAUTIONNE forcément, ni qu’ils va être influencé, tant qu’il ne regarde pas QUE ça. C’est pour cela qu’il faut éduquer son enfant à diversifier ses sources d’information (heureusement, le sujet est abordé dans la plupart des écoles).

Sadi, lui, rencontre un autre problème avec la consommation de contenus en ligne de son cadet : « Mon fils regarde des vidéos sur les actualités du championnat de football, produites par la ligue de football professionnel ligue 1 Uber Eats). C’est pratique car les matchs à la TV finissent trop tard pour un enfant de 9 ans. Malheureusement, ces vidéos sont bourrées de publicités. Il y est hyper réceptif, et il me parle souvent de ce qu’il y a vu ». Si les publicités sont si nombreuses sur les réseaux sociaux, c’est parce que c’est leur principale source de revenu (et oui, le fameux “si c’est gratuit : c’est toi le produit”). Certains contenus sont carrément conçus de A à Z dans un objectif mercantile. Leur objectif est de « vendre du rêve » afin d’attirer la sympathie des internautes, pour ensuite leur proposer des contenus sponsorisés.

CONSEIL N°5
Ces contenus publicitaires n’ont effectivement pas grand intérêt pour votre enfant. Aidez-le à les déconstruire ! Les contenus promotionnels sont parfois si bien camouflés qu’on ne les repèrent pas du premier coup d’œil...
Repérez-les ensemble ! Avec quelques clés en main, votre enfant pourra ensuite faire le tri de manière autonome.

Enfin, sur les réseaux sociaux, votre enfant n’est pas à l’abri de tomber sur des contenus inadaptés à son âge, ou son degrés des sensibilité : violence, sexualité ou incitation à adopter des comportements dangereux pour sa santé (ex: troubles alimentaires, scarification…). Julia, mère d’une fille de 11 ans partage une anecdote : « Ma fille qui adore dessiner voulait prendre pour modèle un personnage de manga adulte. Elle a donc tapé sur Google images “manga adulte”. Je vous laisse deviner sur quoi elle est tombée. Elle nous l’a raconté, et même si elle était un peu perturbée sur le moment, elle n’en a pas reparlé ».

CONSEIL N°6 
En fonction de l’âge de l’enfant, vous pouvez avoir recours aux outils mis en place par les plateformes comme
YouTube Kids ou Netflix Kids pour filtrer un peu les contenus. Tout comme le contrôle parental, ces dispositifs ne remplacent pas l’accompagnement, et ne suppriment pas la publicité, mais ça peut aider.

En conclusion : discutez-en avec votre enfant

Il faut savoir que les influenceurs très appréciés des jeunes ne peuvent pas tout se permettre, au risque de perdre des abonnés. Vous pourriez même avoir des bonnes surprises ! Ils prennent de plus en plus la parole pour promouvoir des causes comme l’écologie, ou la lutte contre le harcèlement… de quoi amorcer des chouettes discussions à la maison !

C’est le cas de Julia :« Des fois, même nous, en tant qu’adulte, elle nous trouve des trucs sympas, comme par exemple la chaine YouTube Gastronogeek, où un YouTubeur reproduit en cuisine des plats vus dans des dessins animés ou des films ».

CONSEIL N°7
Questionnez votre enfant sur ce qu’il aime regarder sur internet. Vous pourrez ensuite tranquillement faire quelques recherches sur le sujet. Le mieux, c’est encore de regarder ces contenus AVEC votre enfant, de lui demander pourquoi il apprécie tel ou tel humoriste, tel ou tel type de vidéos. Si un contenu ne vous plait pas, vous avez le droit de l’interdire, mais n’oubliez pas d’argumenter, avec des exemples précis pour qu’il comprenne votre point de vue. Le fait d’ouvrir le dialogue là-dessus est primordial, car cela réduit les chances que votre enfant regarde des contenus en cachette, et qu’il ne vous en parle pas si il rencontre un problème.

Un article écrit par Angela Blachère, rédactrice pour le média des parents de Super Demain.

 
 
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