Mes filles scrollent en cachette sous leur couette, le soir après l’extinction des feux

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« Chez nous la règle c'est : dodo à 22h30. Mais je sais bien que mes filles jumelles de 13 ans continuent à discuter avec leurs amis et à regarder des vidéos dans leur lit, dans le noir. Elles ont des bonnes notes à l'école et n'ont pas l'air particulièrement fatiguées durant la journée, mais j'envisage quand même de leur confisquer leur téléphone après le repas du soir.
Pensez-vous que cette mesure soit disproportionnée ? »

Aurélie, 39 ans


La réponse de CHRISTOPHE DORÉ

Médiateur numérique et rédacteur pour le média de Super Demain

Bonjour Aurélie,

Tout d’abord, laissez-moi vous dire que mes enfants seraient ravis de vous avoir pour mère, car l’heure d’extinction des feux est chez moi plus précoce (21h30 pour mon garçon de 12 ans et 22h00 pour celui de 15 ans). Cependant, comme chez vous, ces horaires sont théoriques, et je dois admettre que je ne fais pas preuve de tout le zèle possible pour appliquer ces règles de façon rigoureuse. D’autant plus que, pour compliquer un peu les choses, ils ont le droit le soir d’écouter de la musique et des podcasts, mais pas de jouer, regarder des vidéos ou “rouiller” sur un réseau social. Ces trois dernières activités sont d’après-moi en effet plus stimulantes que les contenus audio, et la dernière chose que je veux les voir faire avant d’essayer de s’endormir, c’est bien d’être stimulés.

Pour résumer votre question, vous souhaitez vous assurer que vos filles cessent leurs activités numériques à l’heure dite. Une question : vos jumelles sont-elles dans la même chambre ? Si elles ne sont pas dans la même chambre, vous pourriez essayer de savoir si au final, ce n’est pas entre elles qu’elles communiquent le plus… La principale difficulté à laquelle vous allez être confrontée, c’est de “rétropédaler”, c’est à dire de reprendre quelque chose que vous leur avez accordé dans un premier temps. Si elles sont pris l’habitude d’avoir leur smartphone avec elles dans leur chambre, leur reprendre va être perçu comme une punition, d’autant plus difficile à accepter que leurs pratiques numériques le soir n’ont pas l’air d’avec d’impact sur leur fatigue ou leur capacité de concentration à l’école.

Cependant, si vous êtes prêtes à être temporairement impopulaire (après tout, c’est consubstantiel à la qualité de parent), plusieurs approches sont possibles :

  • Centraliser de façon rituelle les téléphones de toute la famille à une heure précise.

Selon l’organisation de votre foyer, ça peut être avant la douche, avant le dîner, etc... En présentant cette mesure comme une façon de favoriser les échanges entre parents et enfants, de partager de la musique, une émission ou quoi que ce soit d’autre, elle passera facilement. Mais il faudra que vous soyez aussi rigoureuse envers les adultes, les grands ados et vos filles… Vous devrez également vous contraindre à ne pas reprendre votre téléphone avant que vos filles ne soient dans leur(s) chambre(s). Et si vos filles arguent que leurs téléphones leurs servent également de baladeur, de réveil (...), peut-être pouvez-vous consentir quelques achats modiques pour les équiper d’outils à usage unique remplaçant certaines fonctions de leurs smartphones.

  • Paramétrer leurs smartphones de façon plus contraignante.

Les différentes solutions de suivi parental à votre disposition vous permettent de contenir le temps que vos filles consacreront aux vidéos et conversations de diverses façons : en allouant un temps précis à telle ou telle activité, ou en fixant une heure limite à partir de laquelle l’application ne sera plus accessible. Il est également possible de programmer le blocage total du téléphone à partir d’une certaine heure. Un risque se présente alors : que vos filles se “gavent” jusqu’à la dernière seconde, quand bien même elles seraient fatiguées et prêtes dans l’absolu à poser leur terminal avant l’heure fatidique. Car au final, l’enjeu de moyen et long terme est de développer leur capacité à stopper leurs activités connectées par elle-même !

En choisissant l’option “enveloppe horaire pour une application”, vous pouvez en outre vous préparer à d’incessantes demandes de rab, parce qu’elles sont au milieu d’une vidéo ou d’une conversation, parce qu’elles ont oublié de fermer l’appli le matin et ont consommé tout leur temps sans vraiment l’utiliser, etc...
Et faire du “temps d’écran” un enjeu de récompenses / punitions / négociations n’est pas vraiment une bonne idée car, “organiser la rareté, c’est augmenter la valeur” !

Si vos filles ont accès à internet via le wifi ET une connexion 4G, le paramétrage de leurs smartphones sera sans doute le seul moyen de limiter leur utilisation le soir... tant qu’elles ne sauront pas contourner les barrières que vous aurez dressées !

  • Si elles ne se connectent à Internet qu’en wifi, vous pouvez également :

- Éteindre votre box à l’heure choisie (mais si vous en avez l’usage, c’est pas très pratique),
- Paramétrer votre box pour que le wifi ne soit plus accessible pour certains terminaux à partir d’une certaine heure. Sur ma propre interface (Bouygues Telecom) c’est assez simple, et j’imagine que tous les opérateurs proposent cette option.

Mais en vrai, pour répondre directement à votre question concernant la disproportionnalité de la privation de smartphone après 22h30 : il est effectivement possible que cette décision apporte au final plus de mal que de bien. Vous prenez en effet le risque de les inciter ainsi à tricher ou mentir, à se relever la nuit pour récupérer leur téléphone, etc... Et une fois passé le cap de la transgression, il est très difficile de faire machine arrière. Et comme vous semblez être une maman vigilante, peut-être pouvez-vous pour l’instant vous contenter de suivre attentivement l’évolution de leur scolarité, de leur vie familiale et sociale pour détecter le moment où ces usages vespéraux se révéleraient avoir de réels impacts négatifs. Et j’espère pour vous que la courbe des notes sera similaire pour vos deux filles, car si ce n’est pas le cas, ce sera sans doute difficile de priver l’une et pas l’autre…

Vous pouvez également parler avec elles de ce qu’elles font sur leurs smartphones le soir, leur demander de vous expliquer ce que ça leur apporte, leur expliquer pourquoi vous êtes soucieuse, l’importance du sommeil, etc… Ce qui ne vous empêchera en rien de revenir sur une approche plus “sévère” si leurs résultats scolaires ou leur santé devaient au final en pâtir !

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