Il l’a voulu, vous avez cédé, il l’a eu : comment bien vivre l’arrivée du smartphone dans la vie de votre enfant

©Lou ! Journal infime / 2014

 

Démonstration de Google Family link

 

“ Les réseaux sociaux aident les ados à faire des choix” — Contre Toute Attente 4 : un interview avec Jocelyn Lachance tourné lors de Super Demain 2021 !

 

💡 Idée d’activité à faire ensemble :

Matérialiser dans un tableau le temps passé sur chaque activité dans une journée de 24 heures : être sur son téléphone, manger, dormir, travailler… et débrieffer !

 

*De 10 km pour un enfant de 8 ans en 1919 à moins de 300 mètres pour un enfant du même âge en 2007.

Source : Le Nouvel Observateur

 

💡 Idée d’activité à faire ensemble :

Imprimez la charte sur l’usage du smartphone à la maison et affichez-la quelque part dans la maison, bien en vue.

Les téléphones sont partout dans notre quotidien. Besoin d’une recette de cuisine ? De planifier un trajet en voiture ? De réserver une place de concert ? De prendre une photo pour immortaliser un instant ? Vous avez compris, l’idée : tout est à portée de clic et les adultes d’aujourd’hui consultent leur téléphone en moyenne 221 fois jour. Dès le plus jeune âge, les enfants se rendent compte que quelque chose d’important se joue dans ce petit objet compact et interactif. Et, en grandissant, le smartphone devient rapidement l’objet de leur convoitise…

C’est quand, le bon moment pour acheter un smartphone à mon fils/ma fille ?

Bien sûr, il n’y a pas de “recette miracle”. Tout dépend des règles précédemment mises en place par la famille, et du niveau d’indépendance et de maturité des enfants. Mais pour vous donner une idée de ce qui se fait ailleurs que chez vous, nous avons interrogé quelques parents pour savoir comment ça s’était passé de leur côté !

« Chez nous, les enfants reçoivent un smartphone lors de leur entrée en 6ème. Ce rituel arrive au moment où l’enfant acquiert de nouvelles responsabilités. J’ai l’impression que plus on attend, plus cela créé de la frustration et moins c’est facile d’accompagner les usages ! » Lise, mère de 3 enfants de 14, 11 et 9 ans

« Mon cadet a eu un téléphone (à clapet) lors de son entrée en 6ème pour pouvoir nous joindre en cas de problème avec le bus car nous habitons à 40min du collège. Au bout d’un moment, il s’est cassé, donc nous l’avons remplacé par un smartphone quand il est entré en 4ème ». Malika, mère de 2 garçons de 15 et 18 ans.

Généralement, les parents interrogés ont équipé leurs enfants lors de leur entrée au collège avec des options limitées (appels, SMS), et ont lâché un peu de leste quand les enfants ont eu 13 ans, âge où ils ont légalement le droit de s’inscrire sur la plupart des réseaux sociaux (avec l’accord parental).

Une fois qu’on s’est mis d’accord sur l’âge, des nouvelles questions se posent : quel appareil acheter ? Quel forfait téléphonique choisir ? Et oui… tout cet équipement a un coût ! Les parents que nous avons interrogés ont tous, dans un premier temps, privilégié l’acquisition d’un téléphone de seconde main ou reconditionné. Et un abonnement téléphonique adapté, comme Lise qui a opté pour un forfait à 2€ par mois avec appels et SMS illimité, mais pas de forfait 4G : « En théorie, ils ne peuvent aller sur internet qu’à la maison en se connectant au wifi. Cela permet également de garder un œil sur leurs usages ».

Ça y est, votre enfant est équipé de son terminal ! Mais votre mission, elle, est loin d’être terminée…

Le contrôle parental sur les smartphones des enfants : pour ou contre ?

Le contrôle parental est souvent considéré comme une solution pour préserver les enfants de contenus qui ne sont pas adaptés à leur âge. Il en existe une multitude : Xooloo, Norton Family ou encore Google Family Link, l’application de contrôle parental développée par Google.

C’est cette dernière que Olivier, père de 2 garçons de 11 et 14 ans a choisi : « Family Link nous permet de régler une plage horaire où nos enfants ont le droit d’utiliser leur téléphone : de 7h00 du matin à 21h00 le soir. À part cela, je ne contrôle pas trop le temps passé, tant qu’ils font ce qu’ils ont à faire : se laver, faire les devoirs... »

Family Link permet également d’approuver manuellement les applications que l’enfant souhaite installer. Une option qui peut sembler extrême, mais qui plaît à certains parents. C’est le cas de Lise : « Si je refuse l’installation d’une application, en général, mes enfants viennent argumenter. Par exemple, j’ai refusé que ma fille de 14 ans installe Tik Tok car elle a déjà Instagram, Snapchat, What’s App… et je pense que Tik Tok est un outil encore plus puissant au niveau de l’économie de l’attention : on peut vite y passer des heures ! »

Pour Lise, le fait d’expliquer pourquoi elle s’oppose à l’installation de telle ou telle application permet d’instaurer un dialogue. Elle reconnaît que ce « filtrage » est parfois source de conflits, mais elle a vraiment le sentiment que sa fille repensera à ces conversations plus tard, quand elle sera libre de faire ses propres choix.

D’autres parents comme Malika, trouvent à l’inverse que les logiciels de contrôle parental ne favorisent pas la prise d’autonomie de l’enfant. Cette dernière préfère miser sur une relation de confiance mutuelle. « Je sais qu’il regarde surtout des contenus en lien avec le jeu vidéo. Je ne pense pas qu’il regarde de contenus à caractère sexuels, mais peut-être que ça arrivera un jour. Quand j’essaye d’aborder le sujet avec lui, il est gêné et s’enfuit en courant (rires) ».

Le contrôle parental peut-être une aide pour les parents, mais ne peut en aucun cas se substituer à un réel accompagnement (autrement dit, expliquer aux enfants comment fonctionnent internet et les réseaux sociaux). Les enfants les plus fûtés réussiront toujours à contourner les restrictions, en réinitialisant leur adresse email par exemple, ou en empruntant le téléphone d’un de leurs camarades.

Comprendre les besoins de E̶n̶z̶o̶ [remplacez par le prénom de votre ado] pour mieux l’accompagner

Pour Jocelyn Lachance, socio-anthropologue de l’adolescence, le smartphone répond aux différents enjeux de sociabilité, d’intégration et d’autonomie qui se émergent lorsque les enfants grandissent. « Les adolescents ont besoin d’autres sources de reconnaissance que celles de leurs parents et de leur famille. Cela passe par une phase d’expérimentation, qui se joue beaucoup sur les réseaux sociaux où ils vont pouvoir tenter des choses pour interpeller le regard de l’autre. Et en fonction du résultat, faire des choix pour façonner leur identité ».

Si avoir un smartphone est si important pour eux, c’est également souvent parce que tous les copains en ont un. Ne pas être équipé(e), c’est potentiellement être exclu(e) du groupe, rater les conversations dont tout le monde parlera dans la cour de récré le lendemain, ne plus être dans les « délires ». Quelque chose que n’importe quel parent a déjà vécu au moins une fois dans sa vie, avant même l’émergence des réseaux sociaux.

On entend souvent des parents fixer une limite de temps d’écran autorisé par jour. Mais pour la psychologue clinicienne spécialiste des pratiques numériques Vanessa Lalo, ce n’est pas très intéressant car ça ne prend pas en compte la multiplicité des usages qu’un(e) adolescent(e) peut avoir en ligne. « Si on restreint l’enfant à 30 minutes de réseaux sociaux par jour, ça veut dire qu’en 30 minutes, il peut regarder des vidéos de chats qui n’apportent pas grand-chose d’autre que du divertissement, mais il peut aussi se cultiver, visiter des musées en ligne, écrire des romans sur Wattpad… bref faire des choses constructives qui sont bonnes pour son évolution ».

Pour le savoir, c’est très simple. Posez-lui la question : à quoi tu passes ton temps sur ton téléphone ? Vous serez peut-être surpris(e).

Pour finir, 3 conseils pour désamorcer les éventuels conflits liés au smartphone, chez vous !

1) Ne faites pas du téléphone un objet de récompense / de punition

Cela placera la smartphone au centre de la relation d’autorité que vous entretenez avec votre enfant. Et cela mettra l’accent sur la quantité, plutôt que sur la qualité des actions effectuées en ligne. (Par exemple, si votre enfant discute avec ses camarades sur la manière dont ils vont s’organiser pour l’exposé de la semaine prochaine, il sera pénalisé si son outil de travail lui est ôté). De plus, la frustration ressentie quand il sera privé de smartphone augmentera la valeur de l’appareil à ses yeux.

2) Acceptez le fait que le téléphone n’est pas garant de la sécurité de votre enfant

Saviez-vous que les parents se font de plus en plus de soucis quant aux dangers que pourrait rencontrer leur enfant dans l’espace public ? À la télévision, sur les réseaux sociaux, au cinéma, on entend des histoires d’enlèvements, d’accidents. C’est normal, ça fait peur ! Cependant, il n’y en a pas plus qu’autrefois. Or, les enfants avaient une bien plus grande liberté de mouvement ! *
De nombreux parents vont équiper leurs enfants de téléphones pour se rassurer.

« On va nous-mêmes en tant que parents créer une dépendance : l’ado va être autorisé à sortir à condition d’avoir son téléphone avec soi. Ainsi, il est joignable s’il y a un problème. Le message qu’on lui fait passer, c’est qu’il a besoin d’un téléphone pour être en sécurité dans l’espace public, ce qui est faux. » Claire Balleys, sociologue de la jeunesse et des pratiques numériques.

L’autonomie des ados est donc un peu mise à mal par cette contradiction entre un enfant de plus en plus surveillé, et un accès par le biais du smartphone à des contenus qui peuvent être inadaptés. On reproche à son enfant de discuter avec ses amis sur Snapchat, mais au fond, on est bien contents de le savoir “en sécurité” à la maison. Or, un enfant peut vivre des situations en ligne très difficiles, alors qu’on le pense tranquillement installé dans sa chambre.

3) Établissez des règles sur la gestion du téléphone à la maison pour tout le monde… et pas uniquement pour les enfants !

Mettez-vous d’accord en amont, en écrivant une charte à partir des problèmes fréquemment rencontrés. Quelques exemples : À table, est-ce qu’on peut répondre au message d’un pote ? Et si c’est grand-mère qui appelle, on décroche ? Si on est en plein débat, est-ce qu’on a le droit de vérifier une information sur Google ?

Bien sûr, ces règles ne sont pas gravées dans le marbre. « Pendant les vacances par exemple, les règles sont un peu souples ». témoigne Malika.

Elles sont également parfois dures à faire respecter, notamment dans le cas de fratries avec des enfants d’âges différents, mais rapprochés. « Mon ainé a eu un smartphone en 4ème, et mon cadet lors de son entrée en 5ème. C’était plus difficile de lui résister, car il voyait le premier équipé ! Ce qui n’est pas simple non plus, c’est que je suis séparé de leur mère, et les règles sont différentes d’un foyer à l’autre. » Olivier, père de 2 garçons de 14 et 11 ans.


De toute façon, il y aura toujours des gens pour vous dire que vous ne vous y prenez pas de la bonne manière, que vous êtes trop sévères, ou trop permissifs. L’essentiel reste encore de faire selon ce qu’on pense être le mieux. Et de ne pas mettre tous les problèmes rencontrés avec les ados sur le dos du smartphone. Mais si vous avez lu cet article jusqu’au bout, c’est que, à priori, le sujet vous intéresse. Et c’est déjà super. Allez, bon courage !


Un article écrit par Angela Blachère, rédactrice pour le média des parents de Super Demain.

Précédent
Précédent

Tous les camarades de mon fils sont sur Snapchat, sauf lui car il n’a pas 13 ans !

Suivant
Suivant

Les Wholesome Games, ces jeux qui rendent heureux